Lorsqu’un client ne paie pas, le dirigeant d’entreprise se retrouve face à un dilemme. Tenter de négocier, relancer encore… ou enclencher la machine judiciaire ?
Beaucoup reculent devant cette seconde option. Non pas par manque de volonté, mais parce que le jargon judiciaire fait peur : « injonction de payer », « assignation au fond », « saisie conservatoire »… Autant de termes qui semblent réservés aux juristes ou aux avocats.

Pourtant, comprendre les bases du recouvrement judiciaire n’est pas un luxe : c’est une nécessité pour protéger la trésorerie et assurer la pérennité de l’entreprise.

Cet article a donc un objectif clair : expliquer simplement le recouvrement judiciaire aux dirigeants non-juristes, sans jargon inutile, avec des exemples concrets.


Le recouvrement amiable vs le recouvrement judiciaire : deux étapes complémentaires

Le recouvrement amiable : c’est la phase où l’on tente d’obtenir le paiement sans passer par la justice. Relances, appels téléphoniques, mise en demeure, voire intervention d’une société de recouvrement. L’idée est de privilégier le dialogue et d’éviter les frais.

Le recouvrement judiciaire : c’est l’étape où la justice intervient. Le créancier obtient un titre exécutoire, lui permettant de contraindre le débiteur à payer (par saisie, par exemple).

Les deux sont complémentaires. L’erreur fréquente des entreprises est d’attendre trop longtemps en amiable, laissant au débiteur le temps de se mettre en difficulté, voire de devenir insolvable.

👉 La règle d’or : laisser une fenêtre raisonnable à l’amiable (30 à 45 jours maximum), puis passer au judiciaire si rien n’avance.


Les principales procédures de recouvrement judiciaire

  • Quand l’utiliser ? Pour une facture claire, incontestable et échue et résultant d’une relation contractuelle.
  • Déroulement : dépôt d’une requête au tribunal compétent (avec les preuves), décision du juge sans audience, puis signification par huissier.
  • Durée : quelques semaines à quelques mois.
  • Coût : limité (frais de greffe + huissier).
  • Résultat : un titre exécutoire permettant de saisir le débiteur si nécessaire mais laissant la possibilité au débiteur de faire opposition pour porter à nouveau le litige devant un juge.
    👉 C’est la procédure la plus utilisée pour les créances simples.
  • Quand l’utiliser ? Quand la créance est « non sérieusement contestable », mais nécessite une validation rapide par un juge.
  • Déroulement : audience devant le juge, décision accélérée.
  • Durée : généralement 1 à 3 mois.
  • Coût : plus élevé (avocat conseillé), mais rapide.
  • Résultat : permet d’obtenir rapidement une provision (qui peut théoriquement représenter 100 % de la créance en jeu), quitte à poursuivre le reste ensuite.
  • Quand l’utiliser ? Pour les litiges complexes ou contestés.
  • Déroulement : procédure classique, avec échanges d’arguments et plaidoiries.
  • Durée : souvent plus d’un an.
  • Coût : élevé (avocat conseillé, obligatoire en fonction du montant en jeu).
  • Résultat : décision complète et définitive.
    👉 À utiliser uniquement si le montant justifie le temps et le coût.
  • Quand l’utiliser ? Lorsqu’il existe un risque que le débiteur organise son insolvabilité.
  • Déroulement : sur autorisation du juge, l’huissier bloque les biens ou comptes du débiteur dans l’attente d’un jugement (doit être employée en parallèle d’une des procédures évoquées plus haut).
  • Durée : très rapide (quelques jours).
  • Résultat : empêche le débiteur de se rendre insolvable avant le jugement.
  • Risque de fuite des actifs → saisie conservatoire.
  • Petite créance, simple → injonction de payer.
  • Créance urgente mais non contestée → référé-provision.
  • Gros litige contesté → assignation.

Les acteurs du recouvrement judiciaire : qui fait quoi ?

Un jugement favorable ne vaut rien si le dLe juge : il tranche. Il délivre une ordonnance (d’injonction de payer ou de référé) ou un jugement.

  • L’avocat : il prépare la stratégie, rédige les actes, défend l’entreprise au tribunal. Indispensable dans les procédures complexes ou contestées.
  • L’huissier (désormais « commissaire de justice ») : il est l’exécutant. Il signifie les décisions, bloque les comptes, saisit les biens. Sans lui, une décision reste lettre morte.
  • La société de recouvrement : elle accompagne le dirigeant dans la stratégie globale, en combinant amiable et judiciaire, en choisissant la meilleure procédure et en servant d’interface avec les autres interlocuteurs.

👉 Un dirigeant n’a pas besoin de devenir juriste. Mais il doit savoir qui mobiliser à chaque étape pour maximiser ses chances de succès.


Les avantages et limites du recouvrement judiciaire

  • Il donne un poids légal à la créance.
  • Il permet d’obtenir un titre exécutoire, ouvrant la voie aux saisies.
  • Il a un effet psychologique fort sur le débiteur.
  • Il crédibilise l’entreprise : on n’est plus un créancier qui subit, mais un acteur qui agit.
  • Les délais : la justice est rarement rapide.
  • Les coûts : avocat, huissier, expert… la facture peut grimper vite.
  • Le risque d’insolvabilité : un jugement favorable ne garantit pas l’encaissement si le débiteur est en faillite.

👉 Exemple : une entreprise gagne un procès de 80 000 €, mais son client est placé en liquidation. Elle récupère… zéro.

En résumé : le judiciaire est puissant, mais il doit être utilisé avec discernement, et uniquement quand les chances de recouvrement sont réelles.


Les bonnes pratiques pour un dirigeant

  • Toujours vérifier la solvabilité du débiteur avant d’engager des frais.
  • Ne pas attendre trop longtemps : plus le temps passe, plus la probabilité de recouvrer diminue.
  • Choisir la procédure adaptée au montant et au type de créance.
  • Se faire accompagner par des experts (credit manager, avocat, société de recouvrement).

Conclusion

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